vendredi 11 mai 2012


Jour 9
10 mai 2012
Réflexion

Aujourd’hui, dans le cadre du cours, Comment survivre au progrès, nous avons accueilli Rémi Lessard. Aux gens qui ne le connaissent pas, je dirais qu’il est un gars du Nord, travailleur social de formation, prêtre dans l’Église catholique de vocation, curé de paroisse de profession et théologien de formation universitaire. Il serait aussi important de mentionner que cet homme possède un talent incroyable pour parler aux gens. C’est d’ailleurs ce qui m’a marqué lors de sa présentation sur le progrès, sans oublier les idées intéressantes qu’il nous a transmises, évidemment.

Pour être honnête, j’anticipais sa visite avec impatience depuis le début du cours. J’avais hâte d’entendre son discours, car je savais que quelque chose d’intéressant nous attendait et je ne me suis pas trompée.

J’aimerais porter ma réflexion sur une phrase que M. Lessard a prononcée lors de sa présentation : « Aux Philippines, on ne conjugue jamais le verbe avoir, seulement le verbe être. Quand tu n’as rien, tu ne conjugues pas le verbe avoir. » Cette phrase m’a ramenée au voyage que j’ai fait au Guatemala avec l’Université cette année. Je me suis rappelé les nombreuses scènes où j’étais très mal à l’aise avec les enfants qui venaient me voir pour que j’achète bracelets, colliers et bibelots qu’ils vendaient.

En fait, cela m’a fait penser que c’est peut-être (en partie) à cause de nous qu’ils essayent de conjuguer le verbe avoir. Ces jeunes vendent des choses pour aider leur famille à se procurer des biens essentiels tels que de la nourriture, tandis que les touristes se présentent avec de beaux vêtements, des souliers de marque et des bijoux dispendieux. Les souvenirs de culpabilité reviennent dans ma tête juste à imaginer la petite fille pieds nus, avec des vêtements tachés qui voulait absolument que j’achète des objets qu’elle m’offrait. Je trouvais la situation bien triste.

D’un autre côté, je suis contente que ces gens-là n’aient pas de téléviseur pour voir les grosses maisons que nous avons ici, ainsi que tout le confort. 

 S’ils en prenaient connaissance, je crois que, définitivement, ils seraient poussés à conjuguer le verbe avoir. Un jour, nous sommes passés devant des femmes qui faisaient leur lavage dans un ruisseau. De ce que j’ai pu voir, elles avaient l’air très heureuses d’être ensemble pour effectuer cette tâche, même si c’était dans l’eau. 

Mais nous, par exemple, ne voulions pas laver nos vêtements dans l’évier de la chambre d’hôtel. Nous en avions emporté amplement! Parfois, j’aimerais être comme ces personnes, pour n’avoir jamais vu tout le confort matériel que nous avons, pour savoir profiter des petits bonheurs journaliers.

Pour ma part, j’aime bien mieux conjuguer le verbe être qu’avoir. Le verbe avoir n’est rien comparativement au verbe être. À bien y penser, les yeux brillants et les sourires des gens du Guatemala SONT une richesse renouvelable. Puis, avec le verbe être, il est possible de changer le monde, alors que le verbe avoir ne fait qu’écraser les plus démunis.

3 commentaires:

  1. Je suis vraiment contente que tu aies parlé de notre voyage au Guatelama. C'est drôle, mais je n'avais même pas fait le lien entre la présentation et ce voyage. Malheureusement, je ne repense pas souvent à cette expérience puisque je suis revenue dans mon petit quotidien confortable. Je devrais m'efforcer d'y réfléchir chaque jour...

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  2. « (...) avec le verbe être, il est possible de changer le monde, alors que le verbe avoir ne fait qu’écraser les plus démunis».

    J'aime beaucoup cette dernière phrase de ton billet.

    Luc

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  3. Tous ces gens ont une richesse que nous ne connaissons pas, nous, empilés sous tous nos biens matériels. C'est bien de se rappeler ce qui se passe dans le monde et pas seulement dans nos petites vies.

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