Jour 9
10 mai 2012
Réflexion
Aujourd’hui, dans le cadre du cours, Comment survivre au progrès, nous avons accueilli Rémi Lessard. Aux
gens qui ne le connaissent pas, je dirais qu’il est un gars du Nord,
travailleur social de formation, prêtre dans l’Église catholique de vocation,
curé de paroisse de profession et théologien de formation universitaire. Il
serait aussi important de mentionner que cet homme possède un talent incroyable
pour parler aux gens. C’est d’ailleurs ce qui m’a marqué lors de sa
présentation sur le progrès, sans oublier les idées intéressantes qu’il nous a
transmises, évidemment.
Pour être honnête, j’anticipais sa visite avec impatience depuis le
début du cours. J’avais hâte d’entendre son discours, car je savais que quelque
chose d’intéressant nous attendait et je ne me suis pas trompée.
J’aimerais porter ma réflexion sur une phrase que M. Lessard a prononcée
lors de sa présentation : « Aux Philippines, on ne conjugue jamais le
verbe avoir, seulement le verbe être. Quand tu n’as rien, tu ne conjugues pas
le verbe avoir. » Cette phrase m’a ramenée au voyage que j’ai fait au Guatemala
avec l’Université cette année. Je me suis rappelé les nombreuses scènes où
j’étais très mal à l’aise avec les enfants qui venaient me voir pour que
j’achète bracelets, colliers et bibelots qu’ils vendaient.
En fait, cela m’a fait penser que c’est peut-être (en partie) à cause
de nous qu’ils essayent de conjuguer le verbe avoir. Ces jeunes vendent des
choses pour aider leur famille à se procurer des biens essentiels tels que de
la nourriture, tandis que les touristes se présentent avec de beaux vêtements,
des souliers de marque et des bijoux dispendieux. Les souvenirs de culpabilité
reviennent dans ma tête juste à imaginer la petite fille pieds nus, avec des
vêtements tachés qui voulait absolument que j’achète des objets qu’elle
m’offrait. Je trouvais la situation bien triste.
D’un autre côté, je suis contente que ces gens-là n’aient pas de
téléviseur pour voir les grosses maisons que nous avons ici, ainsi que tout le
confort.
S’ils en prenaient
connaissance, je crois que, définitivement, ils seraient poussés à conjuguer le
verbe avoir. Un jour, nous sommes passés devant des femmes qui faisaient leur lavage
dans un ruisseau. De ce que j’ai pu voir, elles avaient l’air très heureuses
d’être ensemble pour effectuer cette tâche, même si c’était dans l’eau.
Mais nous, par exemple, ne voulions pas
laver nos vêtements dans l’évier de la chambre d’hôtel. Nous en avions emporté amplement!
Parfois, j’aimerais être comme ces personnes, pour n’avoir jamais vu tout le
confort matériel que nous avons, pour savoir profiter des petits bonheurs
journaliers.
Pour ma part, j’aime bien mieux conjuguer le verbe être qu’avoir. Le
verbe avoir n’est rien comparativement au verbe être. À bien y penser, les yeux
brillants et les sourires des gens du Guatemala SONT une richesse renouvelable.
Puis, avec le verbe être, il est possible de changer le monde, alors que le
verbe avoir ne fait qu’écraser les plus démunis.
Je suis vraiment contente que tu aies parlé de notre voyage au Guatelama. C'est drôle, mais je n'avais même pas fait le lien entre la présentation et ce voyage. Malheureusement, je ne repense pas souvent à cette expérience puisque je suis revenue dans mon petit quotidien confortable. Je devrais m'efforcer d'y réfléchir chaque jour...
RépondreSupprimer« (...) avec le verbe être, il est possible de changer le monde, alors que le verbe avoir ne fait qu’écraser les plus démunis».
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup cette dernière phrase de ton billet.
Luc
Tous ces gens ont une richesse que nous ne connaissons pas, nous, empilés sous tous nos biens matériels. C'est bien de se rappeler ce qui se passe dans le monde et pas seulement dans nos petites vies.
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